Stress hydrique

En situation de stress hydrique, les plantes mettent en place des mécanismes d'adaptation pour rééquilibrer leur statut hydrique, aux dépens d'une fraction de leur métabolisme. Le manque d'eau généralisé au niveau français n'entame pas encore leur potentiel, mais une période chaude pourrait par contre causer des dommages aux cultures.

Des stress hydriques en céréales à paille très différenciés selon les secteurs

Une sécheresse printanière peut affecter le nombre de grains/m2 et le poids de mille grains.

Les impacts d’un stress hydrique sur les composantes de rendement sont multiples et dépendent fortement du stade des cultures.

En premier lieu, un manque de précipitations en début de montaison peut induire une carence azotée, même si la culture n’est pas réellement en situation de stress hydrique. C’est ce qui s’est passé ce printemps, avec des apports d’azote à la seconde moitié du mois de mars régulièrement mal valorisés. Cela va conduire à une croissance ralentie, une régression de tailles et, si la carence se prolonge, à une pénalisation de la fertilité épi via la régression des épillets du bas de l’épi. Dans ce cas, c’est le nombre de grains par mètre carré qui est affecté.

Dans un second temps, lorsque la plante rentre effectivement en stress hydrique (c’est-à-dire que la demande évaporative n’est pas satisfaite par l’eau prélevée par les racines), le statut hydrique de la plante baisse.

Cela a deux conséquences : une réduction de l’expansion foliaire, et une baisse de la transpiration via la fermeture des stomates. L’indice foliaire final peut donc être pénalisé si le stress hydrique s’exprime courant montaison, même si l’alimentation en eau est rétablie ultérieurement.

La fermeture des stomates va de son côté ralentir progressivement la photosynthèse, et éventuellement causer un échauffement des tissus si le rayonnement est fort et les températures élevées. Dans ce cas, la réduction de la biomasse à floraison et des capacités de photosynthèse de la plante pendant le remplissage des grains va pénaliser le poids de mille grains (PMG).

Situation préoccupante pour les sols superficiels, mais peu d’inquiétude encore pour les sols profonds

Aujourd’hui, pratiquement toutes les céréales sur sol superficiel sont en état de stress hydrique, alors que l’ensemble des orges atteignent la floraison ou le début du remplissage, et que les blés sont épiés au sud de la Loire, et le seront bientôt au nord.

On considère en général qu’à partir d’un déficit hydrique cumulé de 40 mm, l’impact sur le rendement est systématique et significatif. Les parcelles les plus superficielles ont donc souvent dépassé depuis longtemps cette valeur, et ne pourront pas rattraper leur potentiel initial même si la suite de la campagne redevient favorable (figure 1). Pour les sols les plus profonds, on retrouve également cette situation en Poitou-Charentes, sur le pourtour méditerranéen, dans le sud du couloir rhodanien ainsi qu’en Alsace et Lorraine (figures 2 et 3).

Stress hydrique (viticulture)

Stress hydrique (viticulture) : réaction de la vigne au manque d’eau dans le sol. Comment réagit la vigne à des périodes de température plus élevées que la normale ? Ce symptôme d’échaudage qui peut altérer le raisin dans sa coloration, a pour conséquence une réduction de l’activité des feuilles les plus exposées au soleil (gare à ceux qui ont pratiqué un effeuillage trop sévère !). Compte tenu du stress hydrique important, certaines vignes peuvent en effet subir une défoliation naturelle (chutes estivales des feuilles entraînant un ralentissement de l’alimentation du raisin lui-même). Résultat, des millésimes atypiques, avec des vins quelquefois décharnés, d’autres encore qui voient carrément un changement de leur typicité.

Les conséquences du stress hydrique

Si le stress hydrique peut conduire à un déficit de récolte notoire (jusqu’à 40 % notamment lors de la canicule de 2003), il apporte surtout son lot de difficultés pour le vigneron :

  • Augmentation des degrés alcooliques potentiels ;
  • Baisse de l’acidité totale, support pourtant indispensable à la longévité d’un millésime. Il faut alors envisager de réacidifier à l’aide d’acide tartrique, au risque de rendre le vin déséquilibré ou anguleux ;
  • Augmentation du pH* avec pour conséquences, le développement d’un plus large spectre de micro-organismes. Ainsi, avec une augmentation des degrés alcooliques potentiels, les brétanomyces seront avantagées au détriment des saccharomyces, levure naturelle des fermentations alcooliques. Le pH élevé favorise également le développement des brétanomyces au détriment des bactéries lactiques lors de la fermentation malolactique. Enfin, il diminue la part active du SO2 garantissant la protection microbiologique des vins ;
  • Perturbation de la synthèse des composés phénoliques en fonction des années ;
  • Evolution décalée des critères de maturité avec découplage des maturités alcooliques, aromatiques, phénoliques et tanniques.

* On pourra bientôt abaisser le pH (sigle signifiant potentiel hydrogène et qui représente la mesure de l’alcalinité) par la technologie soustractive en utilisant des procédés électromembranaires (en cours d’expérimentation) qui permettent d’extraire les charges cationiques des vins, cause de pH trop élevés. Les règles œnologiques de ces procédés restent à établir en Europe.

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